LE SABRE

L’art du sabreViet-vo-dao-3

Au contraire du bâton, le sabre n’est pas une arme naturelle. C’est une arme forgée, produit de la technique humaine. L’art du sabre commence avec sa confection (le métal utilisé, sa taille, son poids, son équilibre mesuré, etc.). Il ne faut pas confondre le sabre (un seul côté tranchant) et l’épée (double tranchant). L’épée est généralement plus souple et légère, rendant son maniement différent de celui du sabre.

L’art du sabre a connu diverses codifications, variant d’un pays à l’autre, d’une culture à l’autre et qui est à l’origine des différentes formes du maniement du sabre que l’on peut trouver à travers le monde : maniement que l’on trouvait dans la Perse de l’Antiquité, le style des samouraïs, le maniement propre au style Shaolin, l’escrime moderne qui naquit en Espagne etc.

Il existe 2 types de sabre vietnamien : le sabre de guerre à lame droite et fine, appelé GUOM, et le sabre courbe à lame large (comme un cimeterre) appelé MA DAO (le plus couramment utilisé). Ce dernier est apparu sous l’influence chinoise sa forme est caractéristique du Vietnam puisqu’il représente un dragon auquel est souvent comparé la forme du pays. Le manche représente la tête du dragon en même temps que le TONKIN (Nord Vietnam), et la lame symbolise le corps et la queue ainsi que la COCHINCHINE (Sud Vietnam).

Le sabre est symbole de guerre, de détermination et de décision. Symbole de guerre parce que c’est l’arme du guerrier par excellence. Il est symbole de détermination par son aspect coupant : la lame aiguisé doit être le reflet d’un esprit incisif et vif comme l’éclair. L’esprit qui manie le sabre doit être affûté comme sa lame. Symbole de décision enfin, par son tranchant. En effet, le sabre ne frappe pas (comme le bâton) il tranche. Avec le sabre, il n’y a pas de demi-mesure, on tranche ou on ne tranche pas mais il n’y a pas d’entre-deux. C’est le sens de la décision.
Le matériau avec lequel était fabriqué le sabre, rare et nécessitant le travail d’un ouvrier qualifié, sont parmi les raisons qui font du sabre une arme noble (alors que le bois est considéré comme une matière vile, le fer, qui est travaillé par les techniques précises des forgerons, est noble). On comprend alors que dans son utilisation martiale, le sabre soit associé à l’élément métal.

Le sabre fait principalement appel à des frappes et des techniques circulaires : il s’utilise principalement pour trancher, quoiqu’il puisse porter des coups d’estoc (piques) particulièrement efficaces. Ses attaques circulaires s’expliquent principalement par son tranchant : il faut couper d’un coup, de façon nette. La partie plate et non tranchante du sabre (le dos de la lame) est aussi importante que la lame : elle permet l’assise de la frappe, l’appui lors du blocage.

La gestuelle circulaire du sabre symbolise le TAÏ CHI c’est-à-dire le AM ÐUONG (le YIN YANG). La gestuelle circulaire est AM (YIN) et fait naître le ÐUONG (YANG) qu’est la frappe. Même dans la frappe la plus ÐUONG telle qu’elle s’exprime notamment par l’estoc, il faut un apport de AM comme l’illustre la photo ci-dessous:

sabre Sofia
Dans son pique gauche, Sofia utilise la force du ÐUONG qu’elle équilibre avec un apport AM de sa main droite (le poignet est « brisé » et donc souple symbolisant le AM). Même dans la position des jambes, ce cycle est visible : la force se situe sur la jambe avant (droite) qui accompagne la frappe mais naît de la jambe arrière (gauche) qui, elle, ne supporte pas le poids du corps et est, pour cette raison, AM.

L’idée est de conserver une certaine harmonie, de compenser l’excès de la frappe par la souplesse du membre opposé.
En somme, l’art du sabre relève d’un apprentissage long et difficile. Mais il est complet, et son expression aide l’homme à cheminer sur la voie du TAÏ CHI. C’est donc un apprentissage entier et qui permet l’expression du milieu, de la VOIE, du ÐAO.

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