Le maniement du bâton
Le bâton long symbolise l’équilibre. Cet équilibre se retrouve dans son maniement puisque le bâton est une arme complète et aux techniques variées : elle permet aussi bien les attaques circulaires et fluides que les attaques directes et dures. Le bâton (en bambou ou en rotin pour les vietnamiens) marque, plus qu’aucune autre arme, l’équilibre entre la force et la souplesse, entre le AM et ÐUONG (le YIN et le YANG).
Son aspect droit figure la droiture et la constance d’un esprit martial aguerri et sûr dans ses décisions, et en même temps sa souplesse en puissance symbolise la flexibilité d’un combattant complet. L’esprit qui manie le bâton doit être dur et savoir être souple. Une des caractéristiques principales du bâton est justement la flexibilité.
Symbole d’équilibre encore, en ce qu’il correspond au besoin de sérénité c’est-à-dire de jonction entre le AM et le ÐUONG, auquel aspire l’esprit humain.
Le bâton long correspond à une extension des bâtons courts qu’utilisèrent les premiers guerriers. Il correspond en même temps à une extension du corps humain, et à une meilleure maîtrise de l’espace. A ce titre, le bâton long est sans doute la première arme des hommes civilisés. Par son truchement, l’homme su lier son esprit à son corps. Son corps parce que le bâton est une extension du corps humain, son esprit car il est aussi le prolongement de l’esprit qui le manie.
Enfin, il figure aussi une certaine harmonie entre l’art et la nature. En effet, au contraire de toutes les autres armes, le bâton en bambou n’est pas modifié, il est utilisé dans son état naturel bien que son maniement relève d’un véritable art. Arraché de la terre, il servira le guerrier ou le pratiquant tel que la nature nous l’a offert. Cette origine naturelle (par opposition à une origine artificielle comme par exemple le sabre qui est un pur artefact humain) explique sans doute que l’élément du bâton soit la terre.
La Terre est ce qui absorbe et produit, caractéristique du AM (YIN). En absorbant l’énergie venue du ciel (la pluie, la chaleur et la lumière du soleil), la terre produit le bambou qui devient alors le medium qui cherche à unir le ciel et la terre : la plante plonge ses racines dans le sol et étend son feuillage vers le soleil. Le bambou exprime, encore ici, sa caractéristique de d’équilibre. Medium entre la terre et le ciel, le bâton devient le pont qui les relie tous deux : le bâton tend à satisfaire un certain équilibre entre le ciel et la terre.