L’EPÉE

L’art de l’épéeViet-vo-dao-2

Tout comme le sabre, l’épée est une arme entièrement confectionnée par l’homme : sa lame est en alliage (fer, métal, aluminium etc.) et sa poignée est dans un bois travaillé (non laissé en état naturel, comme dans le cas du bâton). C’est donc un artefact complet, composé d’une lame, d’une garde (dont la particularité vietnamienne sur les gardes chinoises et de présenter de légers crochets qui permettent la saisie des lames adverses), d’une poignée et d’un pommeau (souvent en forme de losange). C’est une arme de noble car les matériaux qui la composent sont nobles et précieux, et parce que son maniement gracieux et subtil la sépare des armes dont les attaques franches et directes (comme le bâton ou le sabre par exemple) sont jugés plus grossiers.

La ressemblance avec le sabre s’arrête là. Malgré la constitution de sa lame, son élément n’est pas le métal comme pour le sabre dont la lame à tranchant unique est normalement rigide (les cimeterres chinois ont quant à eux des lames flexibles). Son élément est l’air. Certains experts parlent d’éléments « eau » comme pour la lance. Ce en quoi ils n’ont pas complètement tort, car le maniement de l’épée est assez particulier : très rapide et souple à la fois, ses attaques ne sont pas sans évoquer les vagues.

Au contraire du sabre dont la forme (évoquant c’elle d’un dragon) et la constitution (métal) donnent les éléments totémiques de l’arme, l’épée est entièrement déterminée par son maniement. Si on trouve quelques fois des dragons gravés sur la lame, c’est bien le phénix qui est l’animal totem de l’épée, et l’air est son élément.

La particularité de l’épée est que sa lame présente un double tranchant et une pointe au bout. Ses frappes sont la taille avec le fil de l’épée (l’arête tranchante) et l’estoc (avec la pointe pour transpercer). Là où le sabre coupe et tranche, l’épée taille et sectionne. L’épée ne frappe donc ni de la même façon que le sabre, ni les mêmes parties. L’épée frappe les parties molles, douces, comme les ligaments, le cou, les flancs. Il faut se représenter ses techniques de frappe comme celle d’un couteau de combat dont la lame est trop courte pour couper net une partie du corps humain : rapide, sinueuse et tourbillonnante, l’épée taillade en ouvrant les chairs.

Il en résulte un maniement moins tranché, moins définitif que le sabre. L’épée taille, et revient puis repart tailler dans un même élan une autre partie du corps, évoquant un ballet étourdissant dont le tourbillon d’attaque donne l’élément air qui la caractérise. Ses blocages sont circulaires et absorbés, car il n’y a aucun appui comme dans le sabre pour stopper net une attaque. Son maniement souple et rapide, tout en circularité, donne l’impression d’une danse pleine de grâce.

Viet-vo-dao-5